Pourquoi la recherche participative est-elle plus exigeante en termes de temps ?

Emilie Raymond, Prof. Université Laval, Chercheuse, Équipe participation sociale et villes inclusives

Comprenez les implications temporelles d’une démarche de recherche participative.

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Bonjour, je m’appelle Émilie Raymond. Je suis professeure à l’École de travail social et de criminologie à l’Université Laval. Je suis également membre chercheure de l’équipe Participation sociale et ville inclusive, et j’ai la chance de faire des recherches participatives depuis une bonne vingtaine d’années. Alors, on m’a demandé de vous parler de la question du temps dans les partenariats de recherche. Ça me fait plaisir de le faire sous la forme d’un acrostiche que j’avais organisé les contenus que je vous présente aujourd’hui autour des cinq lettres du mot «temps». Alors, «t» pour «thème» central, donc le temps en recherche partenariale c’est toujours un élément, une question à aborder. Pourquoi ? Parce que faire des recherches participatives, ça demande souvent beaucoup plus de temps que de travailler seul ou avec une équipe composée exclusivement de gens de la recherche. Quand on travaille avec des partenaires, et quand les partenaires travaillent avec des chercheurs, mais ça demande à tout le monde du temps. Donc, du temps pour se parler, du temps pour se connaître, du temps pour partager des moments à la fois informels et formels, de manière à s’engager dans un partenariat de recherche ou en même temps d’échanger sur nos visions du projet, les besoins auxquels ce projet-là répond, du temps aussi pour échanger sur nos manières de collaborer ensemble. C’est pour ça que le «e» de «entente», qui va être mon deuxième mot choisi aujourd’hui, s’avère un élément crucial. Donc, «entente» pour que partenaires et chercheurs puissent convenir d’une manière idéale de travailler ensemble. Quand j’utilise la mot «idéal», bien sûr, je ne parle pas de manière idéale dans l’absolu, mais bien de manière idéale, en fonction des responsabilités, des possibilités, des désirs d’implication respectifs. Donc, c’est important de clarifier les attentes, les possibilités de chaque côté. Puis, si on manque de ressources pour assumer les différentes tâches de la recherche, d’aller chercher des éléments qui vont nous permettre de répondre à ces besoins-là. Bien sûr, cette entente-là, elle n’est pas permanente, n’est ce pas ? C’est important de la revisiter régulièrement pour s’ajuster aux changements qui surviennent en cours de route. Donc, on parle d’une entente vivante, qui va correspondre aux attentes, aux besoins et aux possibilités de chacun des partenaires au cœur du partenariat. En lien avec cette idée d’entente, je vous inviterais à réfléchir au «m» de «mobilisation». Si on souhaite que dans un partenariat de recherche, les chercheurs comme les partenaires se mobilisent, donc qu’ils investissent leur temps précieux dans la recherche, il est nécessaire que tout le monde y voit des bénéfices. Autrement dit, il faut que la recherche ait des retombées concrètes, positives, pratiques, pour chaque partie et non seulement pour les chercheurs. Dans le même ordre d’idées, j’évoquerais le «p» de participation. Ce qui m’amène à souligner l’importance de la participation réelle et plaisante pour tout le monde, de manière à maintenir le niveau d’implication et donc le temps que chaque personne, chaque partie est prête à consacrer au partenariat. Être engagé dans un partenariat où on ne se sent pas écouté ou on n’a pas de rôle précis à jouer, ou encore où l’ambiance est morose ou tendue, c’est sûr que ça affecte l’envie puis la disponibilité pour prendre part à la recherche. Finalement, comment ne pas terminer avec le «s» de souplesse qui est, selon moi, la clé d’un partenariat de recherche réussie. Parce que la souplesse, ça permet de s’ajuster au fur et à mesure, en fonction des aléas de la vie scientifique, professionnelle ou personnelle, comme nous l’a si bien démontré la pandémie au cours des dernières années. Alors, je vous souhaite une bonne continuation, puis de prendre le temps de profiter de votre partenariat de recherche. Merci.